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Chapter 3

Idaho,

Wyoming & montana

Mathias propose de baptiser le camping-car. Il suggère Hervé et Auré, Elvis. Juliette nous dit qu'on fait fausse route, que c'est une fille et qu'elle doit s'appeler Menina. Nos mines se décomposent. Nous voyons s'envoler tout espoir d'un surnom branché et en relation avec le road trip. Gabriel suggère enfin en rigolant Belladoo. Juliette saute de joie. C'est un nom formidable! La majorité a parlé. Ça sera Belladoo!

BELLADOO

Nous nous arrêtons à Lava Hot Springs dans l'Idaho pour couper la route qui nous sépare de Grand Teton. Elle a le charme suranné des petits resorts familiaux américains. Son attraction principale consiste en des bains thermaux. Nous allons nous détendre dans l'immense piscine chaude avec toboggans et plongeoirs. Les enfants barbotent dans l'eau chaude. Mathias obtient un bracelet l'autorisant à sauter des 10 mètres. Une fois cet exploit accompli, il est le héros de Juliette et Gabriel. Une demi-heure plus tard, une voix tonitruante nous urge de quitter la piscine prestement. Il y a un "bio-hazard" dans le bassin pour enfants. Deux lifeguards approchent en courant avec un immense aspirateur. Une crotte flotte au milieu des eaux. Il est temps pour nous de rejoindre Belladoo.

lava hot springs

Après le petit-déjeuner nous regardons l'adresse du camping que nous avons réservé à Grand Teton pour la rentrer dans le GPS d'Opi. Stupeur et tremblements, il est situé à 45 minutes de l'entrée du Parc. Une rapide lecture du guide, nous informe que les campings du parc sont "first come, first served". Nous décidons de tenter le coup. Il est déjà 11h30 et il nous reste 2h53 de route pour arriver à destination. Il y a 6 campings dans le Parc, nous allons bien en trouver un. Après avoir traversé les   désertiques, mais magnifiques plaines de l'Idaho, nous arrivons à Grand Teton. Nous essayons le premier camping, complet. 40 minutes nous séparent du prochain. Nous contactons le service du parc qui nous déconseille d'aller plus loin, seuls 8 emplacements restant. Nous rebroussons chemin penauds. Au visitor center, nous nous enquérons de la liste des RV parks à Jackson Hole. Le premier est complet et il reste une place au deuxième pour 100 dollars. C'est du vol, mais nous la prenons. Les enfants ne tiennent plus en place et nous ne nous voyons pas faire encore 45 minutes de route dans ces conditions. La gérante du camping, nous informe qu'il y a un rodéo à Jackson le soir même à 20h. Nous y assistons et passons tous les quatre notre meilleure soirée depuis le début de notre aventure états-unienne.

chapter 3.1 - Jackson hole

7h du matin, les enfants encore en pyjama et un mauvais café dans l'estomac, nous partons à l'assaut du camping de Colter Bay à Grand Teton. 8h, nous sommes sur place et obtenons la quatorzième place disponible. La journée s'annonce radieuse et nous nous dirigeons plus tôt qu'à l'accoutumée vers le visitor center. Nous obtenons la carte des randonnées et évaluons à l'aide du retraité-bénévole, les plus appropriées à nos enfants. Au moment du départ, un avertissement attire notre attention. Nous sommes au pays des ours et il nous faut toujours avoir un spray au poivre avec nous. Aïe! 5 minutes plus tard et 45 dollars en moins, la ranger nous explique comment nous en servir. Nous cheminons sur une petite boucle facile de 4 kilomètres. Tous les gens que nous croisons ont leur spray à la main. Nous pénétrons dans la forêt et ne sommes guère rassurés. Chaque bruit nous semble être un grizzli. Pas d'arrêt pique-nique au bord du lac, nous prions les enfants d'attendre notre retour. Manger ou être mangé, il faut choisir. Au final, nous ne verrons que des écureuils, des biches et des oiseaux (américains nous dit Gaby). L'après-midi, Mathias part faire son jogging le spray à la main. Nous apprendrons plus tard que c'est ainsi qu'a péri la dernière victime en date des grizzlis, dans la région en 2015.

chapter 3.2 - grand teton national park

Le jour se lève sur Grand Teton. Au programme, location d'un petit bateau à moteur et balade le long du lac. De nouveau, c'est "first come, first served". Nous avons, pour une énième raison obscure, du retard sur notre planning. Il est déjà 11h30. Heureusement, nous réussissons à nous accaparer du dernier bateau, devant une famille américaine indécise. Nous chargeons notre bardas habituel dans la barque. Les enfants sont excités et ont de beaux gilets de sauvetage. L'étudiante-bénévole nous explique le fonctionnement du moteur et nous remet la carte des eaux, le territoire étant vaste et parsemé d'îles. Nous voguons sur les flots, cheveux au vent depuis dix minutes, quand, suite à une bourrasque ou un moment d'inattention d'Auré, la précieuse carte s'envole et coule à pic dans les eaux opaques du lac. Mathias fulmine, la tension est à son comble. Demi-tour, nous en récupérons une autre auprès des étudiants hilares. Juliette et Gabriel adorent naviguer et conduisent tous deux l'embarcation. Gabriel finit par s'endormir, bercé par les flots. Nous regagnons le rivage, ravis de l'excursion.

Yellowstone, lieu privilégié de l'observation de la vie sauvage, où vit une des plus grande population de grizzlis, de bisons et de loups d'Amérique du Nord. Une carte de visite qui fait rêver petits et grands. Installés dans notre camping, nous entamons la découverte du parc par "Old faithful", un geyser qui crache son jet jusqu'à 55 m de hauteur toutes les 90 minutes et ce depuis 150 ans. Le gérant du camping nous informe que notre temps de trajet devrait être d'environ 1h15. A l'évidence, le parc est immense. Sur la route, nous avons beau nous dévisser la tête de tous les côtés, pas d'animaux. En se garant, un troupeau est bien là, mais ce n'est pas celui escompté. Nous jouons des coudes et trouvons une place de choix parmi les badauds pour la prochaine éruption.

Au général store, une aimable famille américaine nous aborde. Leur incommensurable surpoids les oblige à s'asseoir sur le banc situé juste à la sortie avant de rejoindre leur véhicule parqué en face. Le père était déjà venu dans son enfance et se souvient que le geyser faisait plus de bruit à l'époque. Ils ne profiteront pas des centaines de kilomètres de sentiers, pourtant relativement accessibles du parc. Nous nous munissons de deux clochettes, sensées éloignées les ours et partons faire une randonnée sur un chemin moins bondé. Un panneau nous indique que nous sommes sur le territoire des ours. En s'enfonçant dans la forêt, nous regrettons presque la foule. Tous les bruits s'amplifient et nous nous efforçons de faire bonne figure, en réalité terrifiés par la perspective d'une rencontre impromptue avec un plantigrade. Lorsque Juliette se plaint de la distance et de l'effort, nous sautons sur le prétexte pour retourner sur nos pas. Nous n'avons pourtant croisé que deux écureuils et un caniche géant. En rentrant sur notre emplacement, nous découvrons avec délectation, deux bisons naviguant entre les tentes et une famille de cerfs. 

chapter 3.3 - yellowstone

Le parc de Yellowstone est vaste et la diversité des merveilles qu'il a à offrir aussi. Après une nuit fraîche, mais reposante dans Belladoo, nous partons à l'assaut du Grand Canyon local. Nos voisins d'emplacement, en tente avec un enfant de l'âge de Gabriel, n'ont pas résisté au frimas de la nuit et ont levé le camp à l'aube. Ils devaient pourtant rester plusieurs nuits. Arrivés au début du sentier  qui longe le Canyon, force est de constater que celui-ci est fermé sur l'entièreté de son tracé. Depuis le parking, un autre chemin mène à un lac de montagne et rejoint ensuite un point de vue sur le Canyon. Nous croisons plusieurs familles qui en reviennent saines et sauves. Nous nous armons du spray à ours et de courage et nous élançons sur cette magnifique balade. Le son des clochettes nous donne l'impression d'être un troupeau de moutons à la merci du loup. Six jours dans la région sans croiser un seul grand prédateur nous détendent un peu. Nous profitons mieux du paysage et nous attardons sur les papillons et fleurs sauvages. Les enfants sont heureux de pouvoir gambader librement. Après deux heures de promenade, nous descendons vers le Mirador situé juste de l'autre côté de la route. Miséricorde! Celui-ci est aussi en réfection. Marcher le long de la route avec les enfants est périlleux et revenir sur nos pas, trop long pour eux. Une charmante Mamie américaine fait demi-tour pour nous prendre en stop. Elle nous raconte qu'elle vient ici chaque année et qu'elle trouve le parc particulièrement bondé, sûrement à cause de l'éclipse. En fin de journée, nous essayons d'atteindre un point d'observation des grizzlis, conseillé par le visitor center, sur le bord de la route. La vallée est superbe, mais impossible de garer Belladoo. Le site est pris d'assaut, par la plus sauvage des faunes de Yellowstone, les touristes. Au retour, nous remarquons un embouteillage phénoménal en sens inverse. Un bison s'est placé devant la file des voitures et avance au pas. Nous les dépassons avec jubilation. Tel est pris qui croyait prendre! 

Il est temps de quitter Yellowstone et son camping sommaire nous donnant plus l'impression d'être immergés dans sa nature superbe. Nous regrettons presque d'avoir été si peureux des ours, que nous ne verrons pas et de ne pas avoir plus profité des randonnées hors des sentiers battus. Terry, un ancien inspecteur de police et le gérant du camping, vient nous trouver avec sa carte des États-Unis. Avec sa compagne, ils viennent à Yellowstone chaque été depuis plusieurs années. Contre un salaire symbolique et un emplacement avec eau et électricité, luxe que nous n'avons pas, ils s'occupent du site. Tout le parc fonctionne ainsi. Il est porté par le travail bénévole des retraités et des étudiants. Leslie et Terry adorent cette vie, fuyant la chaleur estivale de la Californie et rencontrant chaque jour de nouvelles personnes. Il nous explique que la veille un grizzli était aux abords du camping, chassant un jeune wapiti. Toutes nos craintes n'étaient donc pas veines.  Nous apprenons aussi que les précautions à prendre dans le camping pour ne pas attirer les ours sont aussi là pour les protéger. En effet, un grizzli qui a pénétré dans l'enceinte du camping, reviendra forcément. Les rangers seront donc obligés de le transporter plus loin et de l'abattre. Terry nous dit encore que l'arrière-pays est pleine de carcasses de grizzlis. En partant, nous nous demandons qui est vraiment le plus dangereux, de l'ours ou de l'homme.

Quitter Yellowstone pour rejoindre la côte n'est pas chose aisée. C'est un "petit" trajet de 13 heures que nous ne pouvons faire avaler aux enfants d'une traite. Nous séparons le voyage en plusieurs tronçons. La route épouse les courbes de la rivière et les pêcheurs à la mouche sont nombreux à lancer leurs lignes dans les airs. Nous croirions presque voir Brad Pitt dans un de ses films cultes des années 90. Les paysages du Montana se succèdent, moins verts que ce que nous imaginions. Tellement secs d'ailleurs, qu'un épais nuage de fumée grise recouvre bientôt le ciel. Une odeur de brûlé nous envahit les narines et des panneaux lumineux sur l'autoroute nous informent du danger d'incendie. Arrivés à Missoula, nous embarquons dans un Uber pour rejoindre le centre de cette ville en pleine croissance. La forêt est incandescente et cela dure depuis un mois, nous informe le chauffeur. Devant des feux d'une telle ampleur, les pompiers ne peuvent qu'essayer de contenir les flammes, mais impossible de les anéantir. 

L'ambiance aussi est chaude à Missoula. La brasserie locale fête ses 30 ans. Les hipsters sont de sortie. L'espace d'une soirée, on se croirait en Europe, à Berlin, pour célébrer l'anniversaire de la Bayern Brewery, la bien nommée.

chapter 3.4 - montana

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